mercredi 12 août 2015

Classement des châteaux cathares

Michel Roquebert, Historien spécialiste des Cathares, membre du comité scientifique pour la demande de classement

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D'où vient cette initiative du classement des châteaux cathares ?

Je fais partie du comité scientifique qui prépare le dossier de demande du classement, avec des universitaires, des archéologues, des archivistes… L'idée émane du conseil départemental de l'Aude, qui souhaite une extension du classement de Carcassonne à ce que le grand public appelle «Châteaux cathares». En fait, aucun de ces châteaux n'a été construit par les Cathares, à l'exception, en partie, de Montségur. Il s'agit donc plutôt de «châteaux du pays cathare», qui sont en fait des ouvrages de défense. Et il est vrai qu'il s'agit là d'un ensemble extraordinaire de forteresses de montagne. Ces sites ont joué un rôle dans la croisade.

Quel rôle ?

En fait, au XIIIe siècle dans cette région, la féodalité était cathare. Et donc, ces châteaux ont servi de refuge successivement aux Cathares. Ainsi, à Montségur, ils sont restés à l'abri pendant quarante ans ! Il y a eu ensuite dix mois de siège et la fin que l'on connaît. C'est là le point commun à tous ces châteaux d'avoir servi de refuge aux Cathares. La croisade ayant vu la victoire des catholiques, ces châteaux ont été récupérés par la couronne capétienne, qui s'en est servi comme poste de garde face au royaume d'Aragón, très puissant, qui était juste en face. D'ailleurs, un roi comme Philippe Auguste a fait appel aux architectes de l'école militaire pour reconstruire en partie ou en totalité, comme à Montségur, ces forteresses. J'ai coutume de dire qu'il s'agissait alors d'une sorte de «ligne Maginot» entre la France et l'Espagne, à l'époque où les Pyrénées n'étaient pas encore la frontière.

Qui étaient ces Cathares, d'un point de vue religieux ?

Il s'agissait de chrétiens dissidents. Aujourd'hui on dirait que ce sont des fondamentalistes religieux ! Les Cathares reprochaient aux catholiques d'avoir trahi le message des Évangiles, notamment en sombrant dans la violence, et surtout en accumulant les richesses. Ils reprochaient au clergé d'avoir accaparé les biens matériels, et eux-mêmes prônaient la pauvreté. À tel point que l'Église catholique, à un moment donné, a amalgamé la pauvreté à une hérésie ! Le Christ, précisaient les catholiques, avait une pauvreté «relative» ! Les Cathares avaient aussi un dogme bien particulier, tout en étant chrétiens. Pour eux, Dieu n'avait pas créé le monde, il avait créé le «Royaume» des cieux. Le monde matériel était l'œuvre d'un principe mauvais qu'on n'oserait appeler le Diable, mais… Donc, nos corps, qui appartiennent à ce monde matériel, sont des prisons. En suivant cette logique, alors que les catholiques attendent que leur âme monte au Paradis, les Cathares estiment qu'elle ne va qu'y retourner : elle y était avant la naissance, y reviendra après la mort, après un passage sur la «terre d'oubli». Le catharisme s'est terminé à Montségur ?

Oh non ! Le catharisme est né 77 ans avant Montségur et le dernier cathare a été brûlé 77 ans après Montségur, en 1 321 !

Recueilli par D. D - La Dépèche du Midi : 11 août 2015

jeudi 28 mai 2015

Le musée de Montségur fait son inventaire



Le Pays des Pyrénées Cathares, en partenariat avec la commune de Montségur et la communauté de communes du Pays d’Olmes, est en charge de porter l’étude « Montségur-Grand Site ». Ce projet a pour réflexion la réalisation d’un nouveau musée et d’un bâtiment d’accueil au pied du pog. Dans le cadre du label « Musée de France », la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) Midi-Pyrénées a donc demandé un nouvel inventaire complet des objets du musée de Montségur

C’est la tâche à laquelle se sont attelés, pendant 2 mois, Emeline Grisoni, chargée de mission Pays d’art et d’histoire des Pyrénées Cathares, Fabrice Chambon, attaché Culturel du site de Montségur et guide conférencier et André Czeski, responsable des fouilles de Montségur de 1981 à 1992.

Et la tâche n’a pas été mince, car il a fallu recenser, mesurer, ficher, coder, photographier, rechercher dans des ouvrages de références, puis inventorier plus de 1500 objets. On ne sait s’il faut qualifier ce travail de « titan » ou de « fourmi« .

La plupart de ces objets ont bien sûr été trouvés lors des nombreuses fouilles. Les premières ont débuté dans les années 60 par la société spéléologique de l’Ariège. En 1968 cette société s’est divisée en deux groupes, l’une est restée la société de spéléologie, l’autre est devenue le GRAME Groupe de Recherches Archéologiques de Montségur et Environs.

C’est donc avec le GRAME que les fouilles ont continué jusqu’en 1992. Après un arrêt de quelques années, les sondages ont repris en 1998.

Les objets les plus communément trouvé sont des tessons de céramique mais également des objets en fer, en alliage cuivreux, des ossements d’animaux (souvent des restes de cuisine) des pièces de monnaie, aussi bien médiévales que post médiévales avec une extension vers les XVIe et XVIIe siècles, des fers de trait (de flèches et de lances), des boulets, des armes, des outils, des ornements vestimentaires, des boutons, des dés à jouer, des clés et serrures…

Vous pourrez aussi voir quelques objets appartenant à l’époque de la Préhistoire et à l’Antiquité. En effet, les fouilles tendent à démontrer que les premières occupations du Pog de Montségur remonteraient au néolithique final.

Des maquettes, des panneaux dont les thématiques concernent divers aspects historiques, un document vidéo, complètent l’exposition pour retracer les différents épisodes de la guerre contre les Albigeois, et comprendre combien fut tragique la chute de Montségur et la fin du catharisme.

La visite du musée de Montségur vous plongera ainsi dans plusieurs siècles d’Histoire.

Laurence Guerrey - 28 mai 2015